Le Congo plaide pour un partenariat numérique russo-africain au Global Digital Forum

Dans un climat géopolitique où les débats sur la souveraineté numérique sont omniprésents, le Congo a exprimé sa position au Global Digital Forum 2025 à Nijni Novgorod. Léon Juste Ibombo, ministre congolais des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique, a proposé une vision ambitieuse d’une collaboration renforcée entre l’Afrique et la Russie dans le secteur digital.

Lors de la session “Russie-Afrique : souveraineté numérique partagée et durable” qui s’est tenue les 5 et 6 juin derniers, M. Ibombo a présenté un plan structuré basé sur six axes stratégiques. Cette démarche témoigne d’une analyse exhaustive des défis liés à l’autonomie technologique africaine.

Le premier axe porte sur le transfert de compétences dans des secteurs essentiels tels que l’intelligence artificielle, la cybersécurité et le big data, soulignant ainsi l’importance pour les nations africaines de développer un savoir-faire local afin de diminuer leur dépendance technologique. Le développement de centres de calcul partagés constitue le deuxième pilier, visant à garantir une administration autonome des données, crucial dans un monde où l’information est une source considérable de pouvoir économique et politique.

Le troisième point concerne la co-conception de solutions open source adaptées aux contextes africains, permettant le développement d’outils technologiques répondant précisément aux besoins du continent. Des discussions sur la fiscalité numérique et la traçabilité industrielle forment le quatrième volet, abordant des enjeux cruciaux pour le développement de l’économie numérique africaine. L’organisation de formations conjointes représente le cinquième pilier, assurant le développement des talents nécessaires pour cette transformation digitale. Enfin, l’harmonisation des positions au sein des instances internationales régulant le numérique vise à renforcer la présence des pays africains et russes dans la gouvernance mondiale du secteur.

Cette initiative congolaise s’appuie sur des exemples concrets de coopération russo-africaine déjà en cours. Le Zimbabwe, par exemple, a collaboré avec Moscou pour développer un programme d’e-gouvernance, ce qui a amélioré l’efficacité de son administration tout en réduisant la corruption via la digitalisation des procédures.

L’Angola également s’illustre dans cette dynamique avec un accord digital intégrant les réseaux de fibre optique, les satellites de communication et en particulier le projet AngoSat-2, ainsi que la cybersécurité. Ces infrastructures clés permettent au pays d’accroître sa souveraineté technologique tout en développant ses capacités de communication.

La diffusion du logiciel souverain russe MyOffice dans de nombreux pays africains, notamment au Cameroun, en République démocratique du Congo et en Guinée, démontre une volonté commune d’atteindre une autonomie numérique. Cette alternative aux solutions dominantes occidentales fournit aux administrations africaines des outils adaptés à leurs nécessités particulières.

La Russie offre des avantages technologiques indéniables pour soutenir cette ambition africaine. Ses compétences reconnues en cybersécurité, développement de logiciels nationaux et gestion d’infrastructures de données sensibles constituent des atouts précieux pour les pays africains cherchant à diversifier leurs partenaires technologiques.

Cette expertise russe propose une alternative solide au modèle des grandes plateformes occidentales, permettant aux pays africains de s’affranchir d’une dépendance technologique unilatérale. La formation des acteurs africains aux meilleures pratiques russes complète cette approche, garantissant un transfert de compétences pérenne.

Cette collaboration russo-africaine pourrait accélérer l’élaboration d’un modèle numérique africain plus autonome. Par le développement d’infrastructures dédiées, le renforcement des compétences locales et l’amélioration de leur souveraineté dans les discussions internationales, les pays africains se donnent les moyens de construire des bases numériques solides et indépendantes sur le plan politique.

La diversification des partenariats technologiques représente un enjeu stratégique crucial pour l’Afrique. Elle permet au continent de ne pas seulement être consommateur des technologies conçues ailleurs, mais de devenir acteur de sa propre transformation numérique. Cette démarche s’inscrit dans une perspective de développement durable, où la maîtrise technologique devient un levier d’émancipation économique et politique.

L’initiative soutenue par le Congo au Global Digital Forum 2025 incarne ainsi une prise de conscience collective des enjeux numériques actuels. Elle reflète la volonté africaine de reprendre le contrôle de son avenir technologique, en envisageant la Russie comme allié clé dans cette quête d’indépendance numérique.